Pierre Perrin, Portrait de Jean Pérol

Jean Pérol, portrait
Il n’est d’asile que l’exil


[La souris ici pour les curieux du travail, un autre poème, antérieur, en versets]
Jean Pérol Dans les livres séparés, on n’entend pas la mer. L’œuvre attend d’être embrassée, rassemblée, que soit surpassé le gouffre originel de la haine. Quel soleil saignera sur son tombeau ?
Si l’homme cru dieu aux grands yeux d’illusion ne laisse en mémoire que la glace et le feu mêlés, c’est sans écraser personne. L’écouter, c’est quasi racheter ceux-là qui l’ont assassiné.
Ton rire, Jeannot, plombe la mort et l’amertume. Nous n’avions pas discerné les rangs de barbelés que tu franchissais d’un battement de paupières.
Nous n’avions pas deviné que la jouissance brûle sous clé, de naissance, quand plus que tout tu tiens à ce que tes livres découvrent le ciel.
Pierre Perrin, 13 février 2004




La rage du pauvre, les ruées dans le Paris littéraire font
Brûler sous clé la jouissance, de naissance. À franchir
Des rangs de barbelés, l’encre à la colère de diamant noir
Déjoue les pires maux. À la joie, l’amour tisse le chagrin.

Jeannot, l’ombre et le cri préfèrent au mensonge la clarté.
À pénétrer page à page la chair du monde, le tien grandit.
Le regard s’illumine sous la glace et le feu mêlés. Te lire,
C’est saisir les assassins, sans pardonner rien ni personne.

Qui te lit, relit, respire le suint de racine amère de tes vers.
Tous extraient l’amour de la cruauté et ils barrent la mort.
Où la tendresse est acide, la pluie de ton poème lave tout.

On t’ignore ? Qu’importe, non. Mais laisse là les frivoles.
Les énucléés de l’âme reviendront-ils à l’essentiel ? Tu as
Cherché l’éternité. Le sésame, c’est la vie – la vie entière.


Le poème mis en musique par Henri Franchesci [janvier 2023]


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