Pierre Perrin : La Rue hurle, un sonnet, 2003

Pierre Perrin, La Rue hurle
un sonnet

La petite éponge de fanatisme aux poings serrés qui
Se démène sur son volant, à ce carrefour, aux vitres
Hurlantes, hypnotisé par ses rythmiques séminales,
Les artères, sur son sang quasi aveugle, exorbitées ;

Ce croisé sans croisade, soûl de sa seule basse pire
Qu’une rabasse, une culasse ivre entre ses tympans,
Sait-il les milliards d’années qu’a poussés la vie pour
Mourir à ce carrefour entre ses cuisses sans caresse ?

Il roule, il freine ; il bouffe, il baise. Et entre deux de
Ses suées d’être, il torréfie sa surdité à péter le soleil.
L’arbre n’est pas moins vert, le cœur moins résistant.

À l’origine du monde il répond par sa propre saccade.
La planète n’a pas assez ri rouge, ni noir maintenant ?
Le manichéisme, c’est le mal. Et lui, c’est mon frère.

Pierre Perrin, Des jours de pleine terre, 2003, inédit


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