Pierre Perrin : Jacques Réda [portrait inédit de Celui qui vient à pas légers]

Pierre Perrin, Celui qui vient à pas légers
[Jacques Réda]


© Florence CrinquandGrand et plus carré qu’un lutteur de foire, les cheveux de sel marin bouclés d’enfance, il sourit derrière ses écailles. Résolument laïque, la poésie est son bréviaire, et Cingria le saint du jour.

En fait, le sang d’Ithaque coule dans ses veines. Le puits est d’humanité, la margelle de bienveillance. Comme une gravure épure la lumière, il célèbre si bien le génie des fables que, des yeux à son menton, une lyre s’imprime qui chante la même mort que les mots, les astres et les monstres.

Les doigts longs et nets servent l’élocution. Quand la clarté s’épaissit, la paume gauche lui sert de fourche ou bien se porte à la renverse. Des dieux par terre à sa propre lévitation, il n’y a pas de mensonge plus véridique, de plus candide hypocrisie. Il s’est donné à sa parole, au livre qui n’a pas de fin.

Nul Seigneur il n’appelle. Amen ? La soumission porte en soi la récompense.

Pierre Perrin, [Lycée Considérant, Salins, Jura, 1997], Des jours de pleine terre, inédit




Page précédente — Imprimer cette page — Page suivante