Pierre Perrin : La Plénitude, un poème Des jours de pleine terre

La Plénitude
[un poème Des jours de pleine terre]


Où en es-tu de ta descente (ou de ton ascension, mais de quoi) ? On échange si peu du sel qui porte notre vie. On ne connaît guère qu’un toucher rêche ou humide, un silence dépecé. Erreur, dit le croyant ! L’âme un jour volera – le corps désintégré.

Longtemps la mort n’est qu’un papier qu’on déchire. C’est un royaume sans frontières, sans terre ni mer, ni ciel, sans personne. Le jour où elle fracture le cœur, éclate un vrai collier de perles. L’espace demeure ; le temps tintinnabule. À la panique cède la raison.

Nous disposons de peu pour pénétrer l’histoire (un feu froid, sans nous). La moindre inattention nourrit le néant. Le calme s’accompagne de la lente montée d’un étonnement. La paix exige à l’occasion la dynamite, le chaos qui s’exalte, la foudre, le cerveau soufflé.

Les désirs maîtrisés, pourtant, la vie respire au large, à l’abondance s’abandonne. La vie gagnée, on parle sans trembler du royaume des morts. – Le poète propose une carte de l’inconnu, mais aucune langue déliée ne garantit que les yeux n’étaient pas crevés.

Pierre Perrin, [Des jours de pleine terre, à paraître]


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