Pierre Perrin : L’Enfant fou, poème des Jours de pleine terre

L’Enfant fou
[un poème Des jours de pleine terre]


Nourri d’inquiètes certitudes, il ne voyait pas de cratères sur la route. Il tombait, se blessait, mais il se relevait. L’âme écorchée, zébrés les reins, sans cesse il courait. Le soleil, le vent, la pluie l’étrillaient, l’étreignaient.

Toujours il fixait la touffe du monde qui reculait sous ses lèvres. Des filles nues perlaient dans le soleil. Il se haussait sous les palmes de leurs bras. La caresse n’était qu’un souffle. Les yeux rouverts, il restait seul.

Il enrageait, criait parfois. Mais manquant d’audace, une botte de paille déplacée, malmené sans cesse, il pressait sa réflexion d’un lacet sur la gorge. Pour retourner la solitude contre lui, les forces lui manquaient.

La simplicité lui échappait. Tiraillé sans répit, de la braise écartée. Pourtant les années l’avaient gagné ; demeurait le volcan ; à ses pieds, la tendresse avait monté. La tête au ciel, il souriait, de l’herbe plein les lèvres.

Pierre Perrin, [Des jours de pleine terre, à paraître]


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