Pierre Perrin : Pourquoi dix ans de silence ? – Pose d’une borne explicative

Pourquoi dix ans de silence ?
Une borne explicative

Qui s’est inquiété ? Qui l’a fait savoir ? Question oratoire ! Une pétoire dans le prétoire ! Le prétoire, vide ; la salle des pas perdus, passons !

De bons éléments, des cervelles d’excellence ont, voilà vingt ans, tout à trac cessé de lire. La littérature ? une tare. Attentionné, je les aiguillonnais. Ils certifiaient apprécier mon enseignement. Dans leur for intérieur, ils disaient “merdre” à la culture. Aujourd’hui, médecins, ingénieurs, plus que jamais décomplexés, l’information, omniprésente, leur suffit.

Beaucoup de gens se trouvent sans savoir, mais restent – le comble de la bêtise – sans appétit de savoir. Si on brasse et regroupe ces ignares avec les panurges bon teint (du moins le croient-ils) et les militants de tout horizon prêts, par centaines de milliers, à épouser n’importe quel tête-à-queue, sur la minute, on mesure quel cataclysme asphyxie la culture.

Des baudruches aux manettes, des lauriers aux imposteurs, des œillères hurlantes… La postérité abaissait l’éteignoir. La décadence arase tout. L’école n’équarrit plus la liberté de jugement. On discerne mal, ânonne de travers. Des anciens lisent encore, mais quoi ? Qui regarde une œuvre d’art pour ce qu’elle est ? Quel verdict est étayé de bonne foi ?

Tout n’est peut-être pas perdu. Sisyphe ne peut pas rester solitaire. Pour demain, force est de lever une espérance. Si cela reste vain, voire ridicule, sans lendemain, qu’importe ! Écrire, ce n’est plus risquer un pied dans l’éternité. C’est hacher menu les illusions, pour la clarté, que je souhaite ardente chez les petits, de la pensée.

Pierre Perrin, 10 septembre 2015


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