lle est la littérature, elle ne se réduit pas à
un genre. Elle surgit le plus souvent où on l’attend le moins.
Preuve de son prestige ou imposture suprême, pareille à Dieu
pour le croyant, elle règne. Elle féconde l’insaisissable.
Toute uvre digne de ce nom nourrit l’esprit et les sens. De
Montaigne aux Mémoires d’Hadrien, en passant par La
Bruyère, Racine, Rousseau, Chateaubriand et Proust, il n’est
pas un sommet qui ne relève de ses pouvoirs.
La poésie, c’est une voix
singulière et plurielle à la fois. Tout ou presque la
nourrit, dès qu’un rythme emporte le lecteur. La découverte
recrée une émotion. Cette dernière a suscité
la page. Elle attend de renaître entre les lignes. Elle appréhende
la précarité, attise l’existence. L’aporie
multiplie le désir, sans négliger l’éclatement
des leurres.
Par la poésie, le dérisoire
devient parfois capital, l’horreur sublime. À relire George Steiner,
l’indispensable révèle son néant, tandis que
la poésie transforme tout ce qu’elle met en bouche. Aucune
magie en cela ; l’image n’est pas tout. L’art du
langage réalise l’équilibre du ton, du sentiment et
de l’intelligence. [Lire une définition à l’usage des élèves]
Pierre
Perrin, vif et mort si on veut bien…
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