Pierre Perrin : Portrait avec griffes, in Manque à vivre, 1985

Pierre Perrin, Portrait avec griffes
[un poème de Manque à vivre]


P oète tripal et quaternaire,
I l fait la planche sur un irréversible désespoir.
E rrant au milieu de lui-même, il
R enoue parfois l’amour, se bousculant, il
R eprend pied dès lors dans la cosmogonie
E bahie de ses semblables, taciturne.

P ourtant il recule,
E chaffaudant des espérances qui s’écroulent,
R amant comme les pois l’été ; il se
R ue de trottoir à trottoir,
I nversant sa démarche, mais
N on l’incessante descente vers la mort.

Il est l’anachronique, le névrosé poli.
La société le tolère. Il devrait s’estimer
Le plus heureux des hommes de ce monde !
Quelle idée vraiment ! chercher l’amour
– À ne venir longtemps qu’après : des mois, des ans, des siècles ! –
Au bout d’une plume et hors de sa réserve !
Ce Mohican de carnaval, s’il crève la page, c’est de dépit.
Vraiment, vous n’avez rien de mieux à vivre ?
Excusez ! Il cultive l’insolence, en plus !
Mais, promis ! ces insultes, il ne les réïtérera plus
– Pour vous.

Pierre Perrin, Manque à vivre, [1985, épuisé – [Article de J. O. à parution]]

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